Quand le soleil éclaire aussi nos manques
L’été… cette saison tant attendue, synonyme de lumière, de liberté, de retrouvailles, de peau dorée et de longues soirées. Sur les réseaux sociaux, les images défilent : plages, terrasses, voyages, familles unies, couples amoureux. Pourtant, pour de nombreuses personnes, l’été est tout sauf léger. Il devient le miroir d’un vide intérieur, d’un sentiment d’exclusion ou d’un isolement plus profond encore.
Ce paradoxe entre le rêve collectif et la réalité individuelle interroge. Pourquoi la solitude semble-t-elle plus lourde à porter pendant l’été ? Et comment en comprendre les ressorts psychiques ?
La solitude d’été, un tabou social
Dans notre société, la solitude est souvent associée à un échec, une marginalité, voire à une honte. L’été accentue cette pression sociale. En hiver, il est « normal » de rester chez soi. En été, il faut vivre, sortir, être entouré, partir.
Ainsi, celui ou celle qui reste seul(e) pendant cette période peut rapidement se sentir "à côté". Le contraste entre le vécu personnel et l’imaginaire collectif crée une dissonance douloureuse : « Tout le monde profite… sauf moi. »
Un patient me disait récemment :
« Je ne suis pas parti en vacances, je n’ai rien publié sur les réseaux. J’ai eu l’impression de ne pas exister. »
Ce sentiment d’invisibilité s’inscrit parfois dans une histoire plus ancienne, où les temps forts (anniversaires, vacances, fêtes…) n’ont pas été associés à du lien, mais à un manque ou à une absence.
Un temps de pause qui fait émerger l’inconscient
Au-delà du contexte social, l’été représente aussi un ralentissement. Moins de travail, plus de silence, des journées qui s’étirent. Ce vide extérieur devient un espace où l’intérieur reprend la parole.
Dans le tourbillon du quotidien, beaucoup tiennent debout grâce à une activité constante. Mais quand le silence s’installe, l’inconscient, lui, parle. Et ce qu’il dit n’est pas toujours agréable.
Ce retour à soi peut réveiller :
- des blessures d’abandon,
- des souvenirs familiaux douloureux,
- des angoisses existentielles,
- un sentiment d’errance ou de vacuité.
C’est parfois dans ces moments-là que la personne réalise qu’elle se sent seule non seulement parce qu’elle est seule… mais aussi parce qu’elle ne parvient pas (ou plus) à se relier, même à elle-même.
Solitude choisie contre solitude subie
Il est important ici de distinguer deux types de solitude :
✅ La solitude choisie
Elle peut être féconde, nécessaire, réparatrice. C’est celle qui permet de se recentrer, de souffler, d’écouter ses besoins. Certaines personnes profitent de l’été pour se retirer volontairement du tumulte, lire, créer, méditer. Cette solitude-là est un choix, une respiration.
❌ La solitude subie
C’est celle qui pèse, qui blesse. Celle qui vient faire résonner des manques plus profonds. On ne parle pas ici d’être simplement seul physiquement, mais d’un isolement psychique : se sentir coupé du lien, non désiré, invisible.
Une patiente me confiait :
« J’ai passé deux semaines dans la maison familiale, entourée de monde. Mais j’ai rarement ressenti une solitude aussi intense. »
Quand la solitude révèle une histoire
En psychanalyse, on considère que les affects ressentis dans le présent réactivent souvent des éléments du passé. La solitude estivale peut ainsi faire écho à des situations plus anciennes (par exemple) :
- des étés d’enfance vécus dans l’attente d’un parent absent,
- des sensations de rejet dans la fratrie ou la famille,
- une impression de n’avoir jamais été “choisi·e”, ni au sein de sa cellule familiale ni dans ses relations amoureuses.
Ces expériences s’inscrivent dans l’inconscient, et ressurgissent dans des moments où l’environnement s’y prête.
Et si cette solitude devenait une opportunité ?
Même si elle est douloureuse, la solitude de l’été peut devenir une porte d’entrée vers une meilleure connaissance de soi. C’est parfois le premier pas vers un chemin thérapeutique : reconnaître que quelque chose en soi appelle à être entendu.
Plutôt que de fuir ce malaise par des distractions permanentes, il peut être précieux d’en faire un objet d’exploration.
Voici quelques pistes de réflexion :
- Qu’est-ce qui me pèse vraiment dans cette solitude ?
- Est-ce une solitude physique ou affective ?
- Est-ce que je me sens en lien avec moi-même ?
- Quelle place je laisse à mes désirs, mes besoins, mes émotions ?
Ne pas rester seul(e) avec cette solitude
L’été, en dévoilant ce qui manque, peut être l’occasion d’un mouvement intérieur. Prendre conscience de sa solitude, c’est déjà lui donner une forme, la rendre visible, et peut-être commencer à en faire quelque chose.
Si cette période vous confronte à des sensations douloureuses, si vous vous sentez en décalage avec ce que l’été devrait être… vous n’êtes pas seul·e. Il est possible d’explorer ce que cette solitude dit de vous, de votre histoire, de vos liens.
Vous traversez un moment de solitude difficile à comprendre ou à vivre ?
Je vous propose un espace d’écoute, sans jugement, pour déposer ce qui vous habite. N'hésitez pas à me contacter pour échanger ou prendre rendez-vous