Michaella Marillat
23 Chemin de la Bigue, 60300 Senlis, France
 
Disponible aujourd'hui de 8h à 15h
 
06 48 07 72 42

Le silence dans le couple : absence ou langage ?


5 vues

Le silence, dans un couple, n’est jamais neutre. Il se glisse entre deux mots, s’installe entre deux corps, s’étend parfois jusqu’à occuper toute la place.

Il inquiète, il agace, il blesse. Beaucoup viennent consulter en disant : « On ne se parle plus. » Mais derrière cette plainte, il n’y a pas toujours un désamour. Parfois, il y a un trop-plein. Parfois, un appel. Parfois, une peur...

Quand le silence commence à s'installer

Au début d’une relation, les mots circulent avec légèreté. On se découvre, on partage, on veut tout se dire. Puis, avec le temps, les espaces de parole se réduisent. Les journées s’allongent, les obligations s’accumulent, la fatigue s’installe.
Peu à peu, ce qui était échange devient logistique : « Tu prends les enfants ? », « Tu as payé la facture ? ».
La parole se fonctionnalise, le lien se contracte. Et le silence s’installe comme une troisième présence.

Mais il existe plusieurs silences. Il y a celui du calme, celui du repos, celui de la complicité tranquille. Et puis, il y a celui du retrait, celui qui coupe, celui qui fait froid. C’est ce dernier qui inquiète, parce qu’il dit quelque chose que la parole n’arrive plus à dire.

Le silence comme protection

Dans bien des couples que je reçois, le silence a d’abord été une tentative de protection.

Quand la parole devient trop risquée — parce qu’elle blesse, parce qu’elle déclenche une dispute, parce qu’elle ne change rien — l’un ou l’autre choisit de se taire. C’est une manière d’éviter la guerre, de préserver un équilibre fragile.
Mais ce choix a un coût. En se protégeant du conflit, on se prive aussi de lien. Le silence, alors, n’apaise plus : il isole.

Cette protection est souvent inconsciente. Elle s’enracine dans des histoires plus anciennes : un modèle familial où l’on ne disait rien pour ne pas déranger, un passé où la parole n’a pas été entendue, une peur d’être rejeté si l’on se montre vrai.
Le silence n’est pas seulement absence de mots : il est mémoire

Le silence comme message

À l’inverse, il existe un silence qui parle — et parfois même, qui crie.

Un partenaire se tait parce qu’il n’a plus la force d’expliquer. Ou parce qu’il veut signifier quelque chose que l’autre n’entend pas : un ras-le-bol, une demande de reconnaissance, un besoin d’espace.
Ce silence-là n’est pas vide : il est plein de sens, mais il demande à être déchiffré.

Dans une thérapie de couple, le travail consiste souvent à remettre des mots là où le silence a tout figé.

Nommer ce qui n’est plus dit. Comprendre ce qui se joue derrière ce mutisme : colère, tristesse, peur, désillusion.
Le but n’est pas de « forcer à parler », mais de restaurer un espace où la parole puisse redevenir vivante — c’est-à-dire écoutée, accueillie, reconnue.

Quand le silence devient une arme

Il arrive aussi que le silence soit utilisé comme une forme de pouvoir.

Ne plus répondre, ignorer, se murer dans une froideur calculée : c’est une manière de reprendre le contrôle quand on se sent impuissant.

Ce silence-là n’est plus une protection, mais une attaque passive. Il fait souffrir celui qui le subit, car il le plonge dans une insécurité profonde : ne plus savoir ce qui se passe, ne plus pouvoir réparer, ne plus exister dans le regard de l’autre.

C’est un mode de communication que l’on retrouve souvent dans les couples où les conflits ne trouvent jamais de résolution. Le silence devient alors un moyen d’expression paradoxal : on ne dit rien, mais on exprime tout.

Ce type de silence mérite d’être compris non comme une faute morale, mais comme le symptôme d’un lien blessé, d’une difficulté à supporter la dépendance affective.

Réapprendre à parler autrement

Retrouver la parole dans le couple ne veut pas dire « tout dire, tout le temps ».

Cela signifie surtout réapprendre à parler pour se relier, et non pour convaincre ou se défendre.
La parole n’est pas un déballage : c’est un geste d’ouverture.


Dans mon accompagnement thérapeutique, chacun est invité à retrouver la parole singulière qui a été étouffée — celle qui dit le ressenti, le besoin, la peur, sans accusation.

Certains couples découvrent alors qu’ils ne s’étaient pas vraiment écoutés depuis longtemps.
Le silence se dissipe quand il retrouve un espace d’écoute. Car ce n’est pas tant le manque de mots qui détruit le lien, que le manque d’accueil.

Mon rôle en tant que thérapeute : entendre ce qui n'est plus dit

En thérapie de couple, le silence a sa place. Il n’est pas à combler trop vite.

Dans le cabinet, à Lisle ou à Ribérac, il m’arrive de laisser ce silence s’étirer. Parce que dans ce vide, quelque chose se rejoue : une distance, une tension, un appel.

Le travail consiste à entendre ce qui se tait. À permettre à chacun de sentir ce que ce silence produit en lui.
C’est souvent à cet endroit, précisément, que la transformation commence.

Parler à nouveau n’est pas une simple question de communication. C’est un acte psychique : oser exister devant l’autre, dans sa différence.

Et cela ne se fait pas sans accompagnement, sans cadre, sans regard tiers.

Pour aller plus loin

Souvenez-vous, que le silence dans le couple n’est jamais insignifiant. Il peut être signal d’alarme, mémoire d’une peur ancienne ou tentative maladroite de se protéger.

Mais lorsqu’il devient chronique, il appauvrit le lien et nourrit la solitude à deux.
Apprendre à le comprendre, à le traverser, à lui redonner du sens, c’est une manière de réinventer la relation.

Il n’existe pas de recette universelle pour « mieux communiquer », mais il existe des espaces où l’on peut retrouver le goût de la parole vraie.

C’est ce que permet la thérapie de couple : transformer le silence en parole, et la parole en lien.


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Création et référencement du site par Simplébo Simplébo   |   Ce site a été proposé par JPCHAUDOT

Connexion